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rapides qui semblaient s’éloigner.

Elle regarda dans la direction du bruit et aperçut deux hommes qui fuyaient à travers les arbres.

Ce fait lui sembla si étrange dans la propriété toujours sévèrement close de Paul Labre, qu’elle se releva en sursaut pour courir ou appeler.

Mais en ce moment une voix de femme enrouée tomba du haut de l’arbre même qui abritait le sommeil de Suavita.

— Ne vous donnez pas la peine, maman Soulas, disait cette voix. La porte est restée ouverte, là-bas, et ils ont déjà la clef des champs, ces deux braves !

Elle regarda en l’air et vit notre ami Clampin, dit Pistolet, tout de neuf habillé, qui dégringolait le long du tronc lestement.

— Bonsoir, maman Soulas, dit-il en touchant le sol. Est-ce que vous causez souvent comme ça, toute seule ? c’est dangereux. Tiens ! voilà la petite de M. Paul ! Elle est mignonnette. Vous ne me remettez pas, on dirait !… C’est moi qui ai fait la fin de votre minet ; pauvre bête… mou, mou, mou… c’était l’effet des passions, mais je me range. Voilà l’histoire : je guettais ces deux-là qui sont entrés par la porte du bout, que la petiote a laissée ouverte. Avez-vous des ennemis, maman ? Ils vous ont regardée, mais là… dans l’œil ! Ils vous ont écoutée. J’en connais un des deux, M. Cocotte, qui ne vous assassinera pas : c’est pas son état… mais l’autre, dame ! je crois qu’il est engagé pour ça, et il a une polissonne de mine !