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couvert ce feu et ne l’avaient point éteint.

Quand Paul rencontra loin de Paris celle qui, la première, avait fait battre son cœur, bien changée, mais plus belle à ses yeux, sa passion se réveilla, timide comme lui-même, ardente et violente.

Ysole n’était jamais seule, dans ses longues courses en forêt. Sous le couvert, il y avait un œil avide qui incessamment la suivait.

Thérèse savait cela, et chaque fois que Paul abandonnait la pauvre Blondette pour courir après son rêve, Thérèse venait, secourable et impitoyable à la fois, consoler l’enfant qui souffrait.

Aujourd’hui, elle resta longtemps agenouillée auprès de Suavita endormie.

Toutes les choses que nous avons dites, elle les pensait, rappelant tour à tour à sa mémoire les tristesses de ces trois dernières années, ressassant ses tourments, ses craintes, peut-être ses remords.

Elle parlait à Suavita, qui ne pouvait l’entendre ; elle lui demandait pardon.

D’autres fois, elle se confessait à elle, lui disant ses espoirs et plaidant la cause de cette fatalité qui, malgré elle, l’avait faite bourreau.

Elle s’absorbait si profondément en sa pensée que les choses extérieures ne la frappaient point.

L’ombre s’épaississait dans le bosquet parce que de grandes nuées orageuses voyageaient au ciel.

Suavita dormait toujours, la tête appuyée sur son bras que baignaient ses doux cheveux.

Thérèse tressaillit enfin à un bruit de pas