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Impossible d’entendre autre chose que l’établissement Boivin.

Paul Labre jeta un regard à la porte de droite : la porte de la tour. Elle ne laissait rien deviner. Tout semblait calme au-delà de ce seuil, où se dessinait une mince raie lumineuse.

Il rentra. Dès qu’il fut dans sa chambre et que la porte en fut close, le bruit du marteau recommença. Paul se dirigea vers la croisée.

En l’ouvrant, sa main tremblait.

Comme il mettait la tête au dehors, son regard se tourna malgré lui vers la maison à deux étages qui confinait au mur du jardin de la Préfecture et dont la façade donnait sur le quai des Orfèvres. La nuit était venue. Au second étage de cette maison, une lumière, placée à l’intérieur, envoyait ses rayons sur le balcon, précisément de manière à éclairer le foulard rouge qui flottait aux barreaux.

Les persiennes du premier étage avaient été ouvertes. Derrière les rideaux de mousseline, dans un salon faiblement éclairé, on voyait la silhouette d’une jeune femme debout et dont le regard semblait épier le quai, par-dessus la clôture du jardin.

— Ysole ! prononça encore Paul Labre.

Et tout le profond amour que grandissent la souffrance et la solitude était dans ce seul nom, murmuré plaintivement.

Vous l’eussiez affirmée belle cette jeune femme dont on ne voyait point les traits. Sa pose avait la grâce hardie et souveraine de celles qui ont le droit d’être admirées. La lumière brillantait en se jouant les contours de sa coiffure et dessinait d’un trait précis