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nait de bonne foi : le crime manqué pouvait être tenté de nouveau. La seule protection efficace dont on pût couvrir cette pauvre chère enfant, c’était un absolu secret, une sévère retraite.

Paul venait d’entrer en possession de l’héritage de la tante. Blondette, qui ne se levait pas encore, n’avait besoin que de repos. Un logement fut loué très loin du quartier de la Préfecture, et Paul continua d’organiser sa vengeance.

Blondette resta cachée même aux agents que Paul choisissait pour composer sa petite armée.

Nous avons vu que M. Badoît ne la connaissait pas.

La punition de Thérèse était de voir Suavita qu’elle venait visiter chaque jour. L’enfant reprenait rapidement sa force, et aussi une sorte d’intelligence gracieuse et vive qui semblait ne s’appliquer qu’aux choses du présent. Elle avait la gentillesse d’un ange. À chaque instant, Mme Soulas, effrayée, croyait deviner sur ses lèvres le nom de sa famille qu’elle allait prononcer au premier réveil de sa pensée.

Elle l’aimait de tout le mal qu’elle avait conscience de lui faire, mais elle la craignait jusqu’à souhaiter sa mort.

Parfois, quand elle contemplait le sommeil de l’enfant, elle avait une vision : elle voyait l’image de la comtesse décédée, celle qu’elle nommait « la sainte, » se dresser devant elle dans une attitude de protection.

La sainte semblait lui dire :

— Ne tuez pas ma fille !

Le général comte de Champmas rentra en France par suite d’une de ces demi-mesu-