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Mais ses cheveux blanchissaient d’heure en heure et les rides de son front se creusaient.

Thérèse se sentait parfois devenir folle et l’enfant, alors, n’était pas en sûreté auprès d’elle.

D’autres fois, elle raisonnait froidement.

Elle acceptait la chute d’Ysole comme une fatalité. Cela ne l’étonnait point, cela devait être ainsi. Dans ces classes déshéritées, une étrange croyance existe à la prédestination du malheur.

La misère et la faute se transmettent, quoi qu’on fasse, selon une mystérieuse loi d’héritage.

Mais la pauvre femme, misérable et tombée, n’eût pardonné que la chute et la misère.

Elle avait horreur du crime.

Certes, ses espoirs, autrefois, avaient été éblouissants ; elle avait rêvé sa fille pure en même temps que noble et riche. La richesse et la noblesse sont des sauvegardes. Ses espoirs évanouis la laissaient résignée.

Mais le crime la révoltait.

Elle voulut à tout prix savoir.

Ysole revint après quelques jours et entra au couvent comme pensionnaire.

Le changement que trois années de doutes et de chagrins devaient produire chez Thérèse Soulas s’était opéré pour Ysole en quelques jours.

Ce n’était plus la même jeune fille, ou plutôt ce n’était plus une jeune fille.

Mme Soulas se présenta au couvent avec la lettre du général. Elle fut reçue froidement, mais bien. Ysole lui demanda d’elle-