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Il crut entendre Blondette qui remettait le verrou derrière lui.

— À bientôt ! cria-t-il.

Et il se mit à marcher à grands pas.

Blondette n’avait garde de pousser le verrou ; elle voulait le voir le plus longtemps possible. Elle entr’ouvrit la porte pour glisser un regard par la fente. Elle le suivit tant que les pleurs n’aveuglèrent pas ses paupières.

Puis elle revint sur ses pas, parcourant avec lenteur cette longue route qu’ils avaient faite à deux.

Quand elle eut retrouvé l’ombre des tilleuls, elle s’agenouilla. Ses pauvres grands yeux bleus ne pouvaient plus parler qu’à Dieu.

Elle pria longtemps, puis elle s’assit ; les larmes endorment les enfants.

Comme Blondette venait de s’endormir, deux mains écartèrent les branches d’un buisson ; la tête pâlie et maigre de Thérèse Soulas se montra entre les feuilles.

Elle s’agenouilla, elle aussi, près de l’enfant, et souleva avec précaution une de ses mains pour y mettre ses lèvres.

— Nous t’avons tout pris, pauvre ange, dit-elle avec une amertume pleine de remords, tout, jusqu’au cœur de celui qui t’aurait si bien aimée !