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Blondette tira vers le premier sentier ; Paul prit l’autre en touchant du doigt la crosse de son fusil de chasse.

Alors, à ce muet mensonge, les deux mains de l’enfant se desserrèrent et ses jolis bras tombèrent dans les plis de sa robe blanche.

Elle marcha fière et digne aux côtés de Paul embarrassé.

Elle ne supplia point. L’heure des reproches était passée.

Paul l’interrogea du coin de l’œil.

Le regard de Blondette ne parlait plus.

Il était plus muet que la bouche de Blondette elle-même.

— Vous êtes une méchante, dit alors Paul.

Elle releva sur lui ses grands yeux étonnés, innocents, — mais malins.

Ses grands yeux demandaient :

— Pourquoi suis-je une méchante ?

— Une jalouse, au moins ! répliqua Paul avec colère.

Ses grands yeux lancèrent un éclair si beau que Paul s’arrêta court à la contempler.

Elle sourit et continua sa route, disant avec sa prunelle qui brillait de vengeance :

— Allons ! allons ! vous êtes attendu ailleurs. Partez !

Et voilà justement ce qui n’était pas vrai.

Paul fit comme Blondette, cette fois ; ce furent ses yeux qui parlèrent, exprimant le dépit, la honte et le chagrin.

Elle s’arrêta à son tour. Sa taille harmonieuse s’était redressée de toute sa hauteur. Ses yeux dirent si énergiquement sa pensée