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instant embrassée.

Vous la voyez d’ici folle de joie, cette Blondette caressante et soumise comme un chien mignon aux pieds de son maître. Détrompez-vous bien vite et consultez les grands yeux bleus qui mouillèrent leur sourire.

Les grands yeux bleus disaient :

— Oh ! Paul ! que tu voudrais bien pouvoir m’aimer !

Et c’était si vrai, cela, qu’une larme vint à la paupière de Paul.

— Sois raisonnable, Blondinette, reprit-il. Tu es prisonnière pour ton bien. Je t’ai raconté cela cent fois. Il y a des gens méchants qui te veulent du mal. Je te cache pour t’avoir toujours près de moi. Tu sais bien que je mourrais, si on me prenait ma petite Blondette bien aimée !

Les yeux bleus interrogèrent, charmés, mais défiants.

— C’est bien vrai, cela ? demandèrent-ils.

— Bien vrai, bien vrai, répondit Paul, qui l’enleva dans ses bras.

Elle pâlit et se dégagea.

Paul, étonné, la regarda.

Elle fit effort pour sourire, et son sourire disait :

— Tu es bien bon, tu as pitié de moi.

Ils arrivaient au bout de l’avenue des tilleuls qui se divisait en deux sentiers.

Le premier conduisait au verger, dont les fruits mûrs envoyaient déjà leurs enivrantes senteurs : l’autre menait à l’une des portes qui donnaient entrée en forêt.