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que son âge, à cause de la grande tristesse qui pesait évidemment sur lui.

Il était beau comme autrefois ; son noble visage avait pris une expression méditative, quoique l’éclair de ses yeux témoignât de la juvénile ardeur qui couvait sous cette apparence de calme.

Il rêvait, mais la présence de Blondette qui joignait ses deux petites mains sur son bras, auquel elle s’appuyait, gracieuse comme une fée, mettait à ses lèvres un sourire doux et distrait.

Ainsi songent parfois les jeunes pères qui ont perdu la femme aimée et à qui ne suffit déjà plus l’austère paix de la maison en deuil.

C’était une fleur, cette Blondette, une adorable et chère fleur. Elle avait ses seize ans. Elle était grande, svelte, un peu grêle comme autrefois, mais son aspect n’éveillait plus l’idée de maladie.

Il y avait dans ses mouvements une souplesse confiante et en quelque sorte voluptueuse.

C’était une fleur qui allait s’épanouissant au souffle d’une mystérieuse félicité.

Son sourire avait des enchantements ; le regard de ses grands yeux bleus pénétrait l’âme comme un parfum. Quand elle marchait et que les anneaux de ses cheveux blonds jouaient autour des flexibilités de son cou, c’était comme un rayonnement d’amour enfantin et charmant qui éblouissait le cœur.