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M. V… pour m’amener à ses fins doit paraître puéril et absurde. Il l’était en effet. Cet homme véritablement habile, ce jugeur de consciences avait choisi une voie absurde parce que je ne savais rien du monde, et puérile, parce que j’étais un enfant.

» Il me dit… »

Ici Paul Labre écrivit successivement une douzaine de mots qu’il raya tour à tour. Quelque chose l’arrêtait dans son récit qui était une plaidoirie. Il sentait la vérité si invraisemblable qu’il n’osait l’exprimer.

Tous ceux qui ont écrit non pas seulement des livres, mais des lettres importantes, savent cela.

Tant que la plume court, il est facile d’isoler sa pensée.

Aussitôt que la plume s’arrête, la voix des choses extérieures est de nouveau entendue et redouble ses importunités.

Le bruit du marteau de démolisseur revint aux oreilles de Paul et s’empara de lui tyranniquement. Il lui parut que la vieille masure tremblait sous ces chocs répétés.

Dans ce pauvre monde où vivait Paul, dans ce cercle étroit d’humbles connaissances qui l’empêchait d’être tout à fait solitaire, on racontait souvent d’étranges et lugubres drames. La poésie de ces couches sociales n’est pas gaie, et les légendes du coin du feu, là-bas, ont presque toujours odeur de sang.

La proximité de la Préfecture de police n’était pas, comme on pourrait le croire, un motif de sécurité. Les Anglais, qui sont portés par tempérament vers le calcul des probables et le travail de déduction, ont, les premiers, découvert que le crime, dans son