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sur les paysans un inexprimable pouvoir.

M. Nicolas, le fils de saint Louis, en récompense de ce qu’elle avait fait pour sa royale personne, lui avait donné le choix entre ces deux positions : reine-mère ou femme du roi, de la main gauche, comme Mme de Maintenon.

Bien entendu que cette dernière situation serait toute provisoire, M. Nicolas ne pouvant épouser publiquement avant d’être proclamé roi, — parce que cela lui ôterait l’alliance de tous les souverains étrangers, qui n’auraient plus l’espoir de lui donner leurs filles en mariage.

La Goret avait compris cela merveilleusement. Néanmoins, elle avait choisi l’état de femme du roi, stipulant qu’aussitôt après la conquête de Paris, on ferait publier les bans à la cathédrale.

La « maison » de la Goret, duchesse provisoire, était composée de Mme la comtesse Corona, petite-fille du colonel, de Mme la comtesse du Bréhut de Clare et de deux jeunes dames de Paris.

Elle avait pour chevalier d’honneur le vicomte Annibal Gioja, des marquis Pallante, et pour écuyers MM. de Cocotte et de Piquepuce.

Les deux jeunes dames de Paris, Cocotte et Piquepuce, avec qui elle s’arrangeait au mieux, lui racontaient à la journée et à leur manière l’histoire de Mme de Maintenon ; elle préférait les aventures de Christine de Suède, et surtout la biographie de la Grande Catherine que ces dames et ces messieurs contaient aussi fort bien.

Les mœurs de Catherine l’émerveillaient,