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Il y avait déjà des mois que ces choses comiques s’agitaient aux environs de La Ferté-Macé, et, sous ces choses comiques, un gros drame bien noir rampait à pas de loup.

Le drame était mené par des gens qui savaient leur monde et qui ne prenaient point, pour jouer la comédie en grange, l’accent qui conviendrait au Théâtre-Français.

Ils taillaient en plein dans le grotesque, bien sûrs qu’ils étaient de ne pouvoir aller trop loin sur cette route.

La conspiration, du reste, était le côté grossier de leur trame.

Une autre pièce se jouait auprès de celle-là, qui avait au moins le mérite de l’originalité.

La chapelle était achevée, elle avait son chapelain.

Une aile entière du grand vilain château renaissance avait été rendue habitable pendant qu’on installait dans le corps de logis et dans l’autre aile de somptueux appartements.

Cette aile habitable avait un hôte, M. Nicolas.

Dès qu’on avait franchi le seuil de son antichambre, M. Nicolas changeait de nom : il s’appelait « le Roi ».

Pas davantage.

Et soit que le secret le plus absolu eût été gardé par toutes les queues-rouges ayant des rôles subalternes dans cette farce, soit que l’autorité fermât les yeux, le roi vivait paisiblement, entouré de ce qu’il fallait de mystère pour rendre la momerie intéressante.