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nouveau gouvernement.

Le chevalier de la Prunelaye avait promis que tout irait comme une lettre à la poste.

Et il y avait les cinquante-deux lapins de M. Lefébure !

Vous souriez. — Avez-vous bien regardé l’œuf d’où sort une révolution ?

Si quelque lecteur objectait que les révolutions se font à Paris d’ordinaire, et que la paroisse de Mortefontaine n’est pas précisément le cœur de la France, nous répondrions que la routine tend à disparaître. Paris est un préjugé. Nous décentralisons, en province, tant que nous pouvons.

D’ailleurs on n’avait point négligé Paris.

Le colonel travaillait Paris. M. Lecoq aussi, ainsi que deux jeunes gens pleins d’avenir, MM. de Cocotte et de Piquepuce.

Le chevalier Le Camus de la Prunelaye évaluait à cent cinquante mille combattants les ébénistes qu’on aurait pu armer du jour au lendemain, dans le seul faubourg Saint-Antoine, si on avait eu des fusils, et, s’ils avaient voulu les prendre.

M. Lefébure tenait l’armée par l’école polytechnique dont les anciens élèves forment un faisceau extrêmement dangereux.

On avait le vicaire de Mortefontaine pour le clergé. Les deux fils Portier de la Grille répondaient d’un gendarme retraité, à Domfront, et le neveu du Molard pesait sur la maîtresse de poste d’Argentan.

Quant à Poulain, il allait déjeuner tous les lundis chez l’adjoint de Couterne.

Vous voyez que le fils de saint Louis était bien près de remonter sur le trône de ses aïeux.