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établis les bains de Bagnoles, qui forme une petite Suisse en miniature, et les gorges d’Antoigny auraient une considérable réputation si elles étaient seulement situées dans le Tyrol.

C’est déjà l’Ouest ; les hobereaux ne manquent pas ; ils disputent le haut bout à quelques industriels. Aucune haine bien tranchée ne sépare les deux camps. La politique n’arrive pas là, comme en Bretagne, à l’état de fléau.

Il ne serait pas facile d’y trouver les éléments d’une chouannerie. Là, l’idée des dévouements à quoi que ce soit n’existe pas.

C’est la Normandie qui économise, maquignonne et pelote.

La féodalité a dû mourir là cent ans avant son heure.

Mais une conspiration où, par impossible, il y aurait de l’argent à gagner, y pourrait trouver des recrues.

Les deux maisons nobles les plus considérées, c’est-à-dire les plus riches du pays, étaient le château de Clare, situé vers Antoigny et le château de Champmas, appartenant au général comte du même nom.

Ce dernier manoir avait été inhabité pendant des années.

Le château de Clare était en plein dans la conspiration. On affectait de compter aussi sur le château de Champmas, dont le maître autrefois avait subi une condamnation politique ; seulement le général était absent.

À défaut du général, on avait le directeur des hauts-fourneaux de Cuzay, ancien élève de l’école Polytechnique, qui avait commandé une barricade à Paris en 1830, et ses