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raissait être décidément un important personnage, malgré son déguisement de commis-voyageur ; M. Lecoq de La Perrière, s’il vous plaît ! Un vieillard de cent ans, vénérable comme une relique et qu’on appelait le colonel, un docteur célèbre à Paris, qui avait fait passer la sciatique de Mathurine, de la jambe gauche dans la jambe droite, un comte, décoré sur toutes les coutures, voilà les gens qui venaient voir la Goret, maintenant !

Et ils lui parlaient chapeau bas.

Car la conspiration marchait… chut !

Nous n’avons rien dit encore de la conspiration. En province, les choses les plus bouffonnes prennent parfois de grands airs sérieux. La conspiration était, s’il est possible, encore plus drôle et plus invraisemblable que la fortune Goret.

Mais elle ne la valait pas, à beaucoup près.

Avant d’arriver à la conspiration, nous avons besoin de donner au lecteur quelques détails sur le pays où vont avoir lieu deux ou trois scènes de notre drame.

Les environs immédiats de La Ferté-Macé sont riches à l’égal des meilleures zones de la riche Normandie, mais en redescendant vers le sud et l’ouest, on trouve une zone assez vaste qui semble avoir porté autrefois ce nom générique : le Désert. En effet, dans le parcours des deux forêts d’Andaine et de La Ferté, nombre de villages ont conservé ce nom : Saint-Maurice-du-Désert, Saint-Patrice-du-Désert et autres.

L’aspect de la contrée est pittoresque et très mouvementé.

Il y a tel vallon, comme celui où se sont