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chose.

Le dimanche suivant, autour de l’église, dans le cimetière de Mortefontaine, les paysans disaient que si ce Lecoq n’avait pas été si jeune, Mathurine aurait peut-être bien fait la bêtise de l’épouser.

Ce M. Lecoq pouvait avoir quarante ans.

Au bout d’une semaine, il amena très mystérieusement chez la richarde un jeune homme d’une trentaine d’années qui coucha à la ferme, et, le lendemain, une des dames les plus huppées du pays, Mme la comtesse du Bréhut de Clare vint rendre visite à ce même jeune homme, chez Mathurine.

Le fils Goret, qu’on traitait à la maison un peu moins doucement qu’un chien, dit dans le hameau que le jeune homme avait reçu la dame couché sur son lit, et que la dame lui avait baisé la main.

Or, nous allions omettre de le mentionner, il y avait dans la famille Goret une histoire romanesque et même invraisemblable : une fois en quarante-deux ans, les Goret avaient fait l’aumône.

C’était du temps de Goret Ier, le conquérant.

Un homme et un enfant étaient venus de nuit frapper à la porte de son taudis.

L’homme s’était donné pour un duc et pair fugitif ; l’enfant était le dauphin, fils de Louis XVI, échappé de la tour du Temple miraculeusement.

Je ne sais pas si Goret Ier eût secouru une sincère infortune, mais l’idée qu’il était en face d’un fils de roi le frappa. Il se dit :

— J’aurai bon, s’il remonte jamais sur son trône.

Et il alla marauder une poule dans le voi-