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environs de La Ferté avec de belles rentes.

Nous parlons ici des commencements de la Révolution française.

En 92, M. Gobert des Nouettes émigra.

Pour émigrer, il monta, avec sa famille, dans cette fameuse berline, derrière laquelle on ficelait la malle qui contenait tant de louis d’or ! Quelle imprudence !

Mathau Goret était avec la malle. Il avait un couteau de six liards. Les cordes étaient bonnes, et il eut bien de la peine à les couper, le pauvre garçon.

Mais enfin, il les coupa.

Et avec le quart des louis d’or que contenait la malle, il acheta tous les domaines de son maître devenus biens nationaux.

Un tel point de départ donne tout d’abord le motif de cette préoccupation de mystère qui tint pendant quarante ans la famille Goret à la gorge.

Il y a différents caractères : Nous avons connu de ces conquérants qui ne se cachaient pas.

Les Goret se cachaient ; chez le père Goret qui était déjà vieux à l’époque de la conquête, chez Goret II, son fils et successeur, et chez « La Goret, » femme Hébrard, notre héroïne, il y eut pendant près d’un demi-siècle la vague terreur d’être lapidés.

Je songe toujours à Jules Sandeau, mon illustre ami, en écrivant ces lignes, et voici un détail que je note spécialement pour lui.

En 1815, le fils Gobert des Nouettes revint et trouva close la porte de l’ancienne maison de son père. Goret II, un juif normand, Tibère, moins Caprée, qui avait déjà des millions et qui pourrissait dans une in-