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pauvres avait ordonnée et que sa femme ne voulut point lui acheter.

Il fut enterré par charité.

Quelques jours après son décès, Mathurine fut trouvée ivre au pied d’une borne de la route. À ceux qui lui firent des reproches, elle répondit qu’elle était assez grande pour se conduire et que, — si elle voulait, — elle aurait quarante sous à dépenser tous les jours, et cinquante aussi, et un écu de trois francs, et…

On la crut folle.

Le lendemain, elle demanda ostensiblement l’aumône aux portes des maisons.

Sa fortune, ou, si mieux vous aimez, la vérité au sujet de sa fortune, éclata violemment comme un canon trop bourré qui crève.

En 1833, il y eut un travail commandé dans les départements par le ministre des Finances. À peine avons-nous besoin de dire que la conversion des rentes n’est pas une idée nouvelle. Dès le temps dont nous parlons, plusieurs États avaient consolidé leur dette publique, à la grande édification de leurs créanciers battus.

Admirons, en passant, la politesse exquise de ce mot « consolider une dette. »

Le travail commandé par le ministre était à la fois statistique et politique. Les agents financiers du gouvernement avaient mission de dénombrer les porteurs et de s’assurer, — en cas de besoin, — le concours des rentiers principaux pour la conversion.

Il fut trouvé deux cent trente-trois inscriptions diverses, au nom de Mathurine Hébrard, formant ensemble près de quatre cent mille livres de rentes !