Page:Féval - La Rue de Jérusalem, 1868.djvu/313

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le soir, quand il retourna près de M. Badoît, il lui dit :

— Au rapport, patron ! J’ai parvenu à la vérité par le canal de l’amour : premièrement, que les susnommés Coyatier, Coterie et Landerneau sont retirés des affaires et vivent honorablement d’un tas de vilenies, en plus de la pension de cent francs par mois qu’on leur sert pour payer leur silence… Quand je pense que la pauvre Clémentine m’attendra demain ! En ai-je fait poser dans ma vie ! La parenthèse n’est pas pour vous, patron… Deuxièmement, que l’oiseau qui sert ces cent francs mensuels demeure bien au Château-Neuf-Goret, là-bas, de l’autre côté de La Ferté-Macé : ils l’appellent M. Nicolas, et quelquefois « le prince… » Troisièmement, que le colonel et Toulonnais-l’Amitié sont partis ce matin pour une monstrissime affaire de milliasses de millions, en conséquence de laquelle Coyatier et les deux autres veulent avoir chacun dix mille francs comptant, sous peine de vendre la mèche… Quatrièmement, qu’on va expédier cette nuit, au même Château-Neuf, un gaillard du nom de Louveau, dit Troubadour, qui travaille dans le rouge… Cinquième et dernièrement, que le Nicolas, fils de roi, va épouser une bergère de soixante-neuf ans, propriétaire des millions de milliasses. Moi, ça m’amuse. Quand partons-nous ?

M. Badoît appela un fiacre qui passait, et dit :

— Aux Messageries !