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« font par six. »

Pistolet se renversa, le dos contre le mur, et ferma les yeux.

Au bout de quelques minutes, il avala trois autres verres, — dont le contenu passa fort adroitement dans le corsage de la robe de Clémentine.

Un pas se fit entendre dans l’escalier. Pistolet ne bougea pas. Le nouvel arrivant était un homme qui n’entra même pas dans la licherie. Il poussa la petite porte du fond et disparut, après avoir échangé un signe avec Joseph Moynet.

— Coterie ! pensa Pistolet qui entonna, par son corsage, une troisième tournée de trois verres.

Quelques minutes après, second bruit de pas dans l’escalier. La petite porte fut poussée de nouveau, et le corsage de Pistolet but trois coups.

Joseph Moynet quitta le comptoir et se dirigea vers la petite porte en disant :

— Mesdames, si quelqu’un vient, je suis là, on peut appeler.

Et il disparut à son tour.

Pistolet versa le dernier petit verre de son demi-litre et le siffla.

Immédiatement après, il chancela sur sa banquette.

— Paraît que c’est sa mesure, dit la joueuse. Complet !

Pistolet glissa de la banquette par terre. La marquise releva sa vieille robe de soie par crainte d’accident, et ce fut tout. Personne ne s’occupa plus de Pistolet, qui resta couché devant la dernière marche de l’escalier.

Il ronflait, le coquin, mais, tout en ronflant, il rampait vers la porte que sa tête entr’ouvrit d’un effort insensible.

Il put voir et il put écouter.