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C’était son heure.

Avant d’entrer, Pistolet dit :

— Pour l’affaire de l’enfant, arraché à la tendresse de ses proches, j’éprouve la nécessité de m’habiller en femme. À demain les plaisirs. Prêtez-moi une de vos robes et le reste. La famille éplorée vous bénira.

— Et vous allez faire votre toilette ici, Monsieur Clampin ? demanda Clémentine, effrayée pour le coup.

— Vous vous mettrez devant le lit, trésor. J’en ai bravé bien d’autres dangers extravagants dans mes voyages au long cours. J’ai l’adresse et l’audace du Barbier de Séville !

— Quel démon ! murmura Clémentine, folle d’admiration.

— S’il bouge, d’abord, je l’étrangle ! ajouta-t-elle en jetant un mauvais regard du côté de Landerneau.

— C’est ça ! fit Pistolet, je m’amuse. Tournez-vous, je commence.

La toilette ne fut pas longue. Le gamin, ami des dames, semblait familiarisé avec tous les détails du harnais féminin. Il s’habilla plus vite que n’eût fait la marchande elle-même.

— Vous pouvez regarder, idole, dit-il bientôt, la morale le permet désormais.

— Est-il assez mignon ! soupira Clémentine avec langueur.

L’amour est aveugle. Pistolet était affreux.

Mais voici une terrible alerte.

Tout à coup, on frappa rudement à la porte, et Landerneau s’éveilla en sursaut.

Le gamin avait eu le temps de lancer ses hardes sur le haut de l’armoire.

— Qui est là ? demanda Landerneau.

— C’est moi, Coterie, fut-il répondu, ouvre vite.

— On n’entre pas, dit Clémentine, qui avait délacé précipitamment son corsage. Je