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reprit ses brancards en disant :

— Vieux coquin ! tu entendras parler de nous… à deux sous, le gros tas !

Le vieillard, tout confus, avait repassé le seuil de sa porte. Dès que la voiture eut tourné le coin du passage, Pistolet commanda :

— À la maison ! et vite, ça brûle !

— Est-ce votre ogre, Monsieur Clampin ? demanda Clémentine quand on fut sous le hangar.

— Idole, répondit le gamin en sortant de sa cachette, j’étais mal là-dessous. C’est un moyen hardi, mais gênant, et vous avez failli tout gâter par votre bavardage.

— Ne voulait-il pas m’embaucher licheuse, s’écria la marchande indignée, moi qui n’en prends jamais qu’en société, par occasion ! Ces chrétiennes-là, voyez-vous, c’est des monstres. Oh ! le coquin !

— Montons, trésor, interrompit Pistolet. Y a de l’ouvrage.

— Mais Landerneau est à la maison, objecta Clémentine.

— Il dort, amour ; c’est son heure, puisqu’il travaille la nuit.

— S’il allait s’éveiller ? il est méchant !

— On lui dirait : Tu rêves ! Montons.

Comme Mme Landerneau n’était pas convaincue, Pistolet lui ravit un baiser en guise de suprême argument et conclut :

— On m’aime ou on ne m’aime pas, la jolie des jolies ! montons.

— On vous aime, Monsieur Clampin, soupira la marchande, mais on aurait préféré les Barreaux-Verts, Ramponneau ou les Mille Colonnes.

Elle monta et ouvrit la porte de sa mansarde bien doucement.

Landerneau ronflait comme un juste, couché tout habillé sur son lit.