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tyran ni la victime.

Il régnait dans le cabaret une sorte de crépuscule, incessamment assombri encore par la fumée des pipes. Au-dessous de la fenêtre principale, un soupirail vitré laissait sourdre une lueur.

L’attention de Pistolet fut attirée tout de suite par cette lueur.

À force de regarder, il distingua à travers les vitres enfumées du soupirail des ombres qui se mouvaient.

La véritable industrie du maître de la maison devait être là et non point dans la salle du rez-de-chaussée à demi vide.

Pistolet se demandait déjà comment il pourrait pénétrer dans cet antre. Son imagination travaillait.

Il fut distrait par l’entrée en scène d’un personnage qui sortit lentement de l’ombre au fond de la salle commune et se dirigea vers la porte.

Tout d’abord, Pistolet se dit :

— C’est le marchef.

Mais, à mesure que le personnage avançait, le doute venait et Pistolet pensa :

— Si c’est le marchef, il est rudement changé.

Quand le personnage atteignit le seuil et parut en pleine lumière, Pistolet affirma :

— Ce n’est pas le marchef.

C’était un vieillard, non pas chétif, mais voûté, cassé et marchant avec une peine extrême. Il portait des lunettes vertes, habillées de soie sur le côté, et un large garde-vue de la même couleur.

Les lunettes garnies et la visière pouvaient