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tolet en est, décidément ; je l’ai surpris, ce matin. Fais-lui bonne mine, on lui jettera une boulette, un soir, au clair de la lune.

— C’est bon, gronda la marchande. N’y a que les voleurs qu’en veulent aux gendarmes.

— Ayez pas peur, Monsieur Clampin, ajouta-t-elle quand le chiffonnier eut disparu. Je ne veux plus de cet homme-là ; il me fait peur… et si vous en étiez, après ? Je m’y mettrais, quoi ! jusqu’au cou, pour pas me séparer d’un jeune homme, que je me sens capable de le suivre partout, comme Orphée aux Enfers !

— Pas besoin, répondit le gamin à travers ses trous de vrille. Allons sauver la victime du tyran ! En route !

Clémentine, entièrement subjuguée, s’attela et l’équipage partit.

Il s’arrêta, selon les instructions de Pistolet, juste devant la porte du cabaret de la Grande-Bouteille, et Clémentine se mit à ranger ses choux en criant :

— À deux sous les gros tas d’escarole ! navets, poireaux, carottes !

Pistolet était à son poste.

Il pouvait voir l’intérieur du cabaret, sombre et sale où trois ou quatre couples de joueurs battaient des cartes noirâtres en buvant du vin violet.

Au comptoir, il y avait une femme de mauvaise mine qui ravaudait une paire de chaussettes en loques.

Sans faire semblant de rien, Clémentine regardait aussi de tous ses yeux.

Jusqu’à présent, elle n’apercevait ni le