Page:Féval - La Rue de Jérusalem, 1868.djvu/298

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Clémentine hésitait.

— Mais, quoi ? demanda Pistolet.

— C’est que… on dit comme ça que vous flânez pas mal autour de la rue de Jérusalem, Monsieur Clampin.

Le gamin sauta hors de la voiture et croisa ses bras sur sa poitrine.

— Clémentine, dit-il avec une noble tristesse, adieu pour toujours ! Ma tendresse au vis-à-vis de vous égalait vos attraits : je m’en prive, prêt à tout, excepté d’être insulté dans mon honneur par les femmes !

Il se dirigea vers la porte.

Mme Landerneau se lança sur lui et l’entoura de ses robustes bras.

— Je n’y ai pas cru, Monsieur Clampin ! s’écria-t-elle. C’est les mauvaises langues. On fera tout ce que vous voudrez !

Pistolet résista un instant, mais enfin l’émotion l’emporta et il remonta dans la charrette en disant :

— Vous l’emportez, idole, mais souvenez-vous que je préférerais la mort à être méprisé par celle qu’on aime !

Il se coucha ; Clémentine, repentante et zélée, lui étendit le paillasson sur le dos. Au moment où les légumes amoncelés cachaient déjà le paillasson, une voix avinée cria dans la cour :

— Mame Landerneau ! oh hé !

— Tiens ! fit Pistolet, voici Trente-troisième. Je lui ai gagné dix-huit sous au bouchon, ce matin. Amour, dites-lui qu’il se donne la peine d’entrer.

— Je vais me coucher, femme, dit le chiffonnier à la porte du hangar. Tu sais, le Pis-