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Mèche, ma Calabraise, l’abominait… et dans tout le sexe qui passe aux alentours on n’en trouverait pas une qui ait de l’œil comme Mèche ! Elle me coûtait bon, avalant des six et dix sous de bière et gâteaux par soirée, mais je ne la remplacerai pas pour la séduction et l’atout. Qué gale ! c’était le chic des chics ce monstre-là, y a pas à dire, je l’idole encore !

— À deux sous le gros tas, à deux sous ! cria en avant de lui une voix éraillée.

— Domino ! fit Pistolet qui cambra aussitôt avec plus d’élégance encore sa taille dégingandée. Voilà Choufleur ! je ne serai pas obligé d’aller jusqu’à la halle !

Choufleur, qui s’appelait de son nom Clémentine, était une bonne grosse marchande des quatre-saisons, jeune encore, mais ne portant déjà plus d’âge sur sa figure bronzée. Elle traînait sa charrette lourdement, jetant son cri d’une voix rauque et laissant échapper de son madras posé à la diable des cheveux qui ressemblaient à une broussaille.

Chose singulière, ce Pistolet, malgré son incontestable laideur, plaisait réellement aux dames. Aussitôt que Choufleur l’aperçut, elle donna un coup de main à son madras, lissa ses cheveux révoltés et rétablit de son mieux les plis terriblement désordonnés de son corsage.

Ce fut d’une voix presque douce qu’elle chanta :

— À deux sous le gros tas, à deux sous !

— Bonjour, Mame Landerneau, lui dit