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choses l’une : ou il les a trouvés, ou il désespère de les trouver. Désormais, ma besogne unique auprès de lui est d’éventer la piste des assassins de son frère.

— Et vous voulez m’embaucher, patron, pour courir sus à Coyatier, à Landerneau et à Coterie ?

M. Badoît semblait rêver.

— Quant au marchef, reprit Pistolet, je l’ai assez malmené pour une fois. Landerneau est un pauvre diable, Coterie ne vaut pas la corde pourrie qui le pendrait. Vrai, ça ne me va pas. C’est trop facile. J’aime mieux me ranger.

— Petiot, reprit Badoît, moi je me plains que c’est trop difficile. Coterie, Landerneau et le marchef n’ont été que les instruments du crime.

— Bravo ! fit le gamin. Montons ! ça va devenir intéressant. Causez.

— Landerneau, Coterie et le marchef doivent nous servir seulement à trouver le véritable auteur du crime : la tête qui a mis en mouvement ces trois paires de bras.

— Les Habits-Noirs, parbleu ! s’écria Pistolet, pourquoi mâcher les mots ! Ils ne me font pas peur. Mon tic est de me batailler avec ceux qui sont plus forts que moi. Va comme je te pousse ! L’affaire me plaît d’autant plus que je n’aurai pas besoin de quitter Paris, mes amours.

Badoît l’arrêta ici.

— C’est ce qui te trompe, petiot, murmura-t-il. Ta première expédition aura lieu à la campagne.

— Parce que ?

— Parce que si le fretin est à Paris, le gros gibier voyage en ce moment. Regarde-moi ça.

Il avait tiré de sa poche un papier écrit au crayon.

C’était un extrait des talons du bureau des passeports. Le gamin lut : « … 21 septembre 1838… »