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sur le Robert-Surcouf, un joli trois-mâts, capitaine Legoff, quand M. Paul Labre vint voir si son frère… Ah ! dieu de dieu ! c’est ce matin-là qu’il était blême !

Un garçon entra :

— Poulet marengo ! commanda Pistolet, c’est promis ; pieds à la rémoulade et omelette au lard : l’appétit viendra. Joigny première et de l’oignon dans la salade. Apportez le pain, le vin et le saucisson : le reste tout ensemble. On est des personnes qui n’aiment pas être dérangées dans leur conversation secrète et particulière.

— Patron, reprit-il quand le garçon fut sorti, dans le temps, il y avait quelque petite chose entre vous et maman Thérèse, en tout bien tout honneur, s’entend.

— Ça fait intégralement partie de l’histoire, répondit Badoît avec un gros soupir. Une affaire de délicatesse et de sentiment ; elle avait des restes agréables. Ça n’a pas réussi, rapport à son changement de position, mais on continue de s’entre estimer.

— Elle est remariée ?

— Elle a refusé pareillement M. Chopand et M. Mégaigne, par suite d’un souvenir ou autre. Elle est dans du coton à présent, heureuse et bien casée, en province, maison du général de Champmas.

— Ah ! ah ! fit Pistolet. Celui qui devait y passer là-haut, à la place de M. Jean Labre ? Encore un que j’ai rencontré à bord du Robert Surcouf. Est-il revenu ?

— Après qu’il a eu sa grâce, oui ; mais à la condition de vivre comme un ermite à sa campagne, dans le département de l’Orne, Normandie.