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qui était pâle.

— Et le marchef n’a rien eu pour cette chose-là ?

— Rien.

— Et pour le reste ?

— Évadé entre les deux sessions. Jamais repris. C’était un fort.

Pistolet s’assit.

— On lui avait pourtant fait voir le tour, dit-il. Il nageait assez joliment, c’est vrai, mais je le tirais toujours par les pieds : ça l’agaçait. Quant au paquet de soie blanche où il avait mis une petite fille, j’allai jusqu’au pont de la Concorde en suivant le courant. Pas plus de paquet que dans mon œil. J’y ai pensé longtemps.

— Un autre avait trouvé le paquet, dit Badoît qui s’assit à son tour.

— Contez-moi donc ça, patron ! s’écria vivement le gamin.

Badoît répondit :

— Plus tard.

Pistolet retourna son verre et frappa dessus avec son couteau.

— Il y a des histoires, vois-tu, reprit Badoît, en veux-tu, en voilà ! J’ai prodigué des pas et des démarches depuis trois ans, ça fait frémir. Mais on a affaire à des premiers sujets qui savent jouer à cache-cache ; on dirait qu’ils m’ont jeté un sort, et depuis que je travaille pour M. le baron d’Arcis…

— Qu’est-ce que c’est que ce baron-là ? interrompit Clampin.

— Un vrai baron, et un vrai homme : l’ancien Paul Labre.

Clampin souffla dans ses joues.

— Ça s’éclaircit ! dit-il. J’étais au Havre,