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— Je vous appartiens, patron. Un poulet sauté, hé ? champignons ?

— Marengo, si tu veux. Ah çà ! où diable étais-tu donc passé depuis le temps ?

— Partout, patron. J’ai fréquenté les diverses parties du globe, en me promenant ou pour affaires. J’en ai vu, des pays ! Et mon expérience actuelle est le fruit de ces différents voyages autour de l’univers.

Ils avaient traversé la rue et se trouvaient devant la porte du père Boivin.

— Est-ce que nous allons entrer là ? demanda Pistolet non sans dédain.

— Oui ; pourquoi pas ?

— Un inspecteur comme vous, fi donc !

M. Badoît l’interrompit.

— Je ne fais plus partie du gouvernement, dit-il. Je suis dans une entreprise particulière et bien payée.

Pistolet fit la grimace.

— Chez M. Vidocq ? grommela-t-il. Oh ! patron !…

— Plutôt mourir ! s’écria Badoît. L’honneur avant tout ! Tu connais bien celui qui m’emploie, petiot, et tu honores son caractère. Entre. Nous allons prendre le cabinet de la tour, au second étage, et nous causerons tout à notre aise en tête-à-tête.

Pistolet passa le premier, longea l’allée étroite et noire, et s’engagea dans l’escalier tournant.

— Est-ce que Mme Thérèse Soulas demeure toujours ici, monsieur Badoît ? interrogea-t-il d’un ton où perçait un vague remords.

— Non, répondit l’agent. Pourquoi ?

— Pour rien. Vous souvenez-vous du mi-