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cheveux incultes lui tombaient jusque sur les yeux.

Sa hotte, adossée à la paroi de la voûte, était plus haute et plus large que l’habitude ne le comporte.

Le gamin, qui, à le regarder de plus près, avait atteint l’âge d’homme depuis longtemps, gardait cette figure glabre et pâlotte qui fait de certains sauvages parisiens une race aussi nettement caractérisée que les Peaux-Rouges d’Amérique ou les Tziganes d’Europe.

On a remarqué que l’influence de climats étrangers est presque nulle sur ces peaux dures et neutres à la fois qui sont une provenance spéciale des bas-quartiers de Paris. Le soleil africain les respecte, et ils pourraient garder les tons fades de leur cuir au milieu des nègres de l’Équateur.

Le chiffonnier et le gamin jouaient bien tous les deux, et avec une animation égale : il y avait une haute pile de sous sur le bouchon et une demi-douzaine de vagabonds suivaient avidement la partie.

C’était un match. On pariait comme au champ de courses.

Nous l’avons dit et nous le répétons : en aucun lieu de Paris vous ne trouverez tant d’oiseaux du violon qu’aux alentours de la Préfecture de police. Ce serait à croire que ce monument où se fabrique la glu qui doit les prendre un jour ou l’autre a pour eux un irrésistible attrait.

Le gamin, comme presque tous les Parisiens, était un coupeur hardi et précis. Son décime en métal blanc, portant d’un côté la tête de Louis XVI, de l’autre un faisceau,