Page:Féval - La Rue de Jérusalem, 1868.djvu/262

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tous les matelots du Robert-Surcouf étaient déjà au cabestan ou dans les agrès, quand Paul Labre revint à l’embarcation qui l’avait amené. Comme il descendait l’échelle à reculons, une tête crépue mit ses cheveux jaunâtres à la hauteur du bastingage, et il entendit une voix qui disait :

— Monsieur Paul, si je ne me plais pas dans la marine, je sais des choses que je vous conterai entre quatre-z-yeux. Mme Soulas est une brave femme ; je vous revaudrai son matou quelque jour, vous pouvez lui assurer ça.

Le bruit de l’appareillage étouffa les dernières paroles. Paul Labre ne savait pas ce qu’il avait entendu.

Il s’assit, accablé, à l’arrière de son bateau et mit sa tête entre ses mains.

Pistolet continua de parler pour lui tout seul, disant :

— Si ça consiste à balayer, l’art du marin, ça ne me va pas ! v’là trois soirées que je n’ai pas mis les pieds à Bobino. Mèche a dû pleurer toutes les larmes de son corps sur la chose de mon absence. Si ça n’avait pas été l’ambition de me ranger, jamais je ne l’aurais quittée. C’est égal, ça me ferait plaisir de rendre service à M. Paul !

Le Robert-Surcouf, portant à fleur d’eau ses ancres dégagées, glissait lentement avec le jusant vers la tour de François Ier qu’il dépassa. On hissa les basses voiles, aussitôt qu’il entra en Seine. Un quart d’heure après, il courait vent largue et couvert de toile sous la falaise de la Hève.

L’étranger sortit alors de la cabine du capitaine et vint s’accouder tout rêveur au