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tueusement.

— C’est la première fois, dit-il, que je viens dans un port de mer. Quand on revient au rivage, a-t-on la faculté de communiquer une tripotée aux supérieurs qui ont manqué à la politesse envers moi ?

— Quand on n’a pas eu les reins cassés en chemin, mon bonhomme, repartit le maître. Tu es peut-être un bon petit tout de même, malgré ta physionomie. Va droit, travaille proprement, et on te parlera comme à un chrétien qu’est pas cause de son physique désavantageux.

M. Legoff venait de rejoindre au pied du grand mât un visiteur d’aspect distingué et vraiment respectable qui l’aborda en lui disant :

— Permettez que nous causions dans votre cabine.

Legoff lui en montra aussitôt le chemin.

Pistolet passait, le long de l’autre bord, suivant le maître qui allait l’installer dans ses fonctions.

Les yeux gris de Pistolet ne perdaient jamais rien. Il aperçut l’étranger et ses maigres joues s’enflèrent, tandis qu’il murmurait :

— Ah ! bah ! Je ne me trompe pas ! Qui donc ont-ils tué, alors, chez Gautron à la craie jaune ?

L’étranger et le capitaine avaient déjà disparu.

Ils restèrent ensemble environ dix minutes.

M. Legoff ressortit seul. Sur le pas de la cabine, il dit à demi-voix :