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quement.

— Par mer, mon commandant, répliqua l’autre, avec mes effets sur ma tête, n’ayant pas les moyens de payer un bateau à volonté.

— Et que fais-tu là ?

— J’attends qu’on me dise : Montez un peu voir, qu’on cause !

— Est-ce que tu saurais monter ?

— J’ai idée que oui, mon capitaine.

— Essaye voir !

Ces mots furent prononcés d’un ton de défi moqueur.

L’arrière du trois-mâts était carré et dépourvu de toute saillie qui pût faciliter l’ascension. Le petit homme se prit au gouvernail et grimpa le long de sa tige. Dès qu’il put mettre la main sur la base du couronnement, ses bras se raccourcirent, ses reins donnèrent, et par un temps de gymnastique qu’un clown du cirque n’aurait point désavoué, il se trouva assis en équilibre sur la balustrade.

M. Legoff ôta sa pipe de sa bouche.

— Je n’ai vu faire ça qu’au Parisien de M. Surcouf, dit-il avec admiration.

— Commandant, repartit le petit homme avec fierté, j’ai pareillement l’honneur d’en être indigène de cette même capitale de l’Europe et de l’univers !

— Comment t’appelles-tu ?

— Clampin, dit Pistolet.

— Et tu viens de Paris ?

— En malle-poste.

M. Legoff fronça ses gros sourcils.

— C’est-à-dire, répliqua le gamin sans rien perdre de son aisance, derrière la malle-