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— Du sang-froid, Monsieur Labre, lui dit le notaire en le suivant. Quand vous aurez vos papiers bien en règle, j’aurai l’avantage de vous communiquer le testament de Mme veuve de Grandlieu, née Labre, décédée sans enfant à Mortefontaine, canton de La Ferté-Macé (Orne), et qui vous laisse, indivis entre M. votre frère et vous, douze bonnes mille livres de rentes en terres, plus dix-sept mille francs d’argent comptant. Le mobilier n’est pas mauvais et la succession n’a pas un sou de dette. C’est gentil.

Paul n’écoutait plus. Le notaire ajouta en se penchant sur la rampe de l’escalier :

— Pour l’affaire criminelle, si vous vous portez partie civile, comme je le pense, j’ai mon beau-frère, M. Bellamy, avoué, rue Saint-Honoré, 212. Vous serez content de lui… j’ai l’avantage de vous saluer, Monsieur Labre. Vous direz à Bellamy que c’est moi…

Paul s’élança dans sa voiture et se fit conduire au numéro 3 de la rue du Pont-de-Lodi.

C’était une maison en reconstruction, où il n’y avait pas un seul locataire.

— À la poste ! ordonna-t-il à son cocher.

Il avait sur lui quatre ou cinq louis et sa montre : tout ce qu’il possédait.

Une demi-heure après, et sans même avoir pris le temps de revenir à sa maison, il galopait sur la route du Havre.