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— Dix ans.

— Parfait… j’ai eu l’avantage de voir ce matin M. votre frère.

— Déjà ! s’écria Paul.

Le notaire et son maître-clerc échangèrent un regard.

— Ce n’était pourtant pas trop tôt ! dit Souëf (Constance).

— Dans ma bouche, répliqua Paul, ce mot « déjà » n’a pas la signification que vous lui donnez.

— Oh ! s’empressa de dire le patron, ne vous reprenez pas, Monsieur Labre, ce n’est pas ici un interrogatoire judiciaire.

Paul releva sur lui un regard étonné.

— Je me hâte d’ajouter, poursuivit M. Hébert de l’Étang des Bois, que vous avez l’air d’un fort honnête jeune homme. Voilà, car il faut parler net, M. votre frère que j’ai eu l’avantage de voir ce matin, a pour le moins vingt ans de plus que vous. Il n’est pas dans la même position que vous ; il a ses papiers, tous ses papiers, parfaitement en règle… et je vous le répète que je ne suis pas un juge d’instruction, Monsieur Labre ; je crains les machines criminelles comme le feu. Si vous vous êtes un peu trop avancé, l’imprudence est de votre âge. Eh bien ! retirez-vous purement et simplement ; ce sera comme si je ne vous avais jamais vu. Vous comprenez ?

Au lieu d’obéir à cette insinuation où, en définitive, il y avait quelque apparence cha-