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grand estomac.

M. Souëf (Constance), neveu du précédent titulaire et premier clerc, était un jeune homme d’avenir, portant lunettes et garde-vue vert. Il avait des fausses manches en lustrine jaune qui lui allaient bien et louchait des deux yeux.

Le second clerc Mahoudeau frisait la quarantaine. Il avait du ventre et une figure à pipe : fausses-manches vertes, avenir nul.

Le troisième clerc, Dieulafoy, suivait les modes de l’an passé avec orgueil. Il se pommadait et séparait ses cheveux sur le front : demi-avenir, non garanti.

Trois autres clercs dont l’histoire ingrate n’a point gardé les noms, tous ornés de fausses manches et dont les appointements réunis n’auraient pas nourri un cheval sobre, complétaient les cadres de cette pacifique armée, où un seul grade restait inoccupé, celui de petit clerc ou saute-ruisseau, dont la place restait vide auprès de la porte.

Il était onze heures du matin.

L’étude déjeunait, moitié aux frais du patron qui fournissait du bon pain et du mauvais vin, moitié aux frais des divers employés qui contentaient leur appétit selon leurs ressources.

Souëf (Constance) avait une fine côtelette, Mahoudeau dévorait du veau froid, apporté dans son foulard, Dieulafoy broutait déjà de la charcuterie, les autres se réduisaient