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de ce regard.

Le fait qui eût été deviné aisément par un observateur était celui-ci : pour une raison ou pour une autre, Thérèse avait désir d’éloigner Paul Labre.

Et ce désir augmentait à chaque instant.

Paul hésita.

— Ce n’est pas que je craigne de la laisser seule avec vous, maman… commença-t-il.

— Il ne manquerait plus que cela ! interrompit-elle.

Puis, elle ajouta gaîment :

— Eh ! grand enfant, tout ce que je vous en dis, c’est justement à cause d’elle ! Maintenant que vous avez cette charge-là sur les bras, il vous faut des ressources. Cette petiote, quand nous l’aurons remise sur pied, ne vivra pas de l’air du temps.

Paul prit son chapeau vivement.

— C’est juste ! fit-il. Je me reprocherais de n’avoir pas fait le nécessaire.

Il sortit.

Mme Soulas resta un instant immobile, écoutant le bruit de ses pas qui descendaient l’escalier tournant.

Quand elle n’entendit plus rien, elle alla vivement vers le lit où était l’enfant. Ses sourcils étaient froncés, et une mate pâleur couvrait sa joue.

— Ysole ! murmura-t-elle. Ysole ne peut avoir rien fait de mal !

Elle se pencha au-dessus du lit et regarda attentivement le visage de la fillette.

— J’ai beau regarder, je ne sais pas ! pensa-t-elle tout haut ; je ne vois pas ! Quand on a le cœur bouleversé comme je l’ai, on trouve des ressemblances partout… Et pourtant, c’est bien sûr : elle n’a ni les traits du général ni ceux de la comtesse. C’est sûr,