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le lambeau de journal, rendu transparent par l’humidité.

« Les sieurs Labre (Jean) et Labre (Paul), tous deux fils du sieur Labre d’Arcis (Antoine), sont invités à se présenter immédiatement en l’étude de maître Hébert, notaire, rue Vieille-du-Temple, 22, pour affaire qui les intéresse. »

Elle passa le chiffon de papier à Paul, qui essaya de railler.

— Je ne me connais pas d’oncle en Amérique, dit-il.

Il lut à son tour et ne réussit pas complètement à cacher son trouble. Entre toutes les choses qui peuvent exciter chez un homme l’espoir ou la crainte, il faut placer au premier rang les communications du genre de celle-ci.

Elles ne disent rien, et c’est pour cela qu’elles émeuvent.

Ce peut être un coup douloureux, ce peut être une aubaine inespérée.

Paul avait honte des battements de son cœur. Il dit :

— Du 23 décembre à la fin d’avril, il y a de la marge. Puisque le notaire a bien attendu quatre mois, il peut attendre encore.

S’il ne disait pas sa pensée franchement et complètement, Thérèse, au contraire, exagéra la sienne, de parti pris, en répondant :

— Monsieur Labre, vous allez me faire le plaisir de prendre tout de suite une voiture et de courir au no 22 de la rue Vieille-du-Temple. J’ai idée que vous voilà riche !

Son regard glissa encore vers le lit où dormait la jeune fille.

Il eût été malaisé d’analyser l’expression