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parent lui a-t-elle fait des ressources ?… »

— Ah çà ! interrompit encore Thérèse, il ne sait donc pas que la pauvre Mme Labre est morte ?

— Ma lettre et lui se sont croisés, répondit Paul. Il ne sait pas, il ne peut pas savoir.

— Savez-vous qu’il parle comme un livre, Monsieur Paul ?

— C’est un digne et cher cœur. Je reprends :

« Certes, bon petit frère, je ne vais pas jusqu’à t’accuser de manquer de franchise ; mais qu’est-ce que c’est que cette place dont vous vivez et que tu ne désignes pas ? À ton âge, on ne peut avoir encore de bien gros appointements. Moi, j’ai toujours fait ce que j’ai pu vis-à-vis de vous, mais je pouvais si peu !

» Je reviens pour savoir et pour voir. Nous sommes les Labre d’Arcis, après tout, et je n’ai rien connu de si haut que la conscience de mon père.

» Je veux voir et savoir ; j’ai droit : voir votre vie, savoir vos affaires. Tu me diras peut-être ce que tu n’as pas voulu, — ou osé m’écrire.

» Faut-il l’avouer ? le quartier où vous êtes me fait peur. La rue de Jérusalem…

» Du reste, tout me fait peur.

» Assurément, je ne suppose pas que le fils d’Antoine Labre se soit fait agent de police, mais… Enfin, tu vois bien que je devenais fou.

» Un matin, je me suis embarqué. J’ai dû bien faire, puisque depuis ce matin-là, j’ai le cœur léger.

» Je n’apporte pas beaucoup d’argent, petit frère, mais j’apporte beaucoup de ten-