Page:Féval - La Rue de Jérusalem, 1868.djvu/229

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

larmes rouler lentement sur sa joue.

— Monsieur Paul, dit-elle, au nom de votre mère, ne croyez jamais du mal de moi. Il y a quelqu’un ici-bas que j’aime plus que moi-même, oh ! cent fois ! et mille fois aussi ! j’ai bien souffert pour elle ; je souffrirai peut-être davantage encore. Dites-moi ce qui vous est arrivé, je vous en prie, sans rien omettre, sans rien cacher. Dieu m’est témoin que je lui crois un bon cœur, à celle que j’aime et à qui j’ai donné plus que mon sang. Elle ne peut être que malheureuse. Si je la croyais coupable, je mourrais.

Paul Labre lui prit les deux mains.

— Vous parlez comme les paraboles, maman, murmura-t-il : c’est égal, je l’ai dit et je le répète : je ne sais point au monde une meilleure femme que vous. Je ne vous demande pas vos secrets, et je vais vous dire les miens.

— Ah ! fit Thérèse souriant dans ses larmes, vous êtes un cœur, vous ! J’ai pensé à cela bien souvent. J’aurais mieux fait… J’aurais mieux fait ! Deux jeunes mariés autour de moi. Le bonheur dans ma pauvre maison…

Elle s’interrompit brusquement et essuya ses yeux mouillés d’un revers de main.

— Quel ange d’enfant ! murmura-t-elle en regardant Suavita. Puis elle dit :

— Ne me croyez pas folle, Monsieur Labre. Voilà qui est fini. Parlez, je vous écoute.