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qu’hier soir.

— Mais ces enfants ! Monsieur Badoît, fit Thérèse en un cri d’angoisse.

— Une enfant et une qui ne l’est plus, rectifia l’agent. Comme quoi on présoupçonne que l’aînée s’est enfuie avec son chacun, garnement de la belle espèce, et qu’elle s’est arrangée de manière à mettre l’autre dans l’embarras.

Mme Soulas appuya ses deux mains contre son cœur.

— Ysole ! murmura-t-elle ; c’est un mensonge !

— C’est effectivement le nom de la particulière, poursuivit M. Badoît, et je me suis laissé dire que cette jolie fille-là c’est toute une histoire. Elle appartient au général, si on veut. Le général a connu jadis, au temps des bamboches et cabrioles du jeune âge, dans le militaire, une villageoise qui en savait long. En conséquence de quoi, elle lui a collé Mlle Ysole, sous prétexte de paternité, qu’elle était vraisemblablement le fruit d’un facteur de la poste ou d’un porteur d’eau du pays. Connu.

Mme Soulas laissa échapper un gémissement.

— C’est comme j’ai l’honneur, continua cet imperturbable Badoît, et de fil en aiguille, il arrive toujours malheur quand on introduit comme ça des petits en fraude dans les familles respectables.

— Monsieur Badoît, dit Thérèse, qui faisait effort pour parler, vous calomniez Mlle Ysole de Champmas !

L’agent la regarda en face, puis salua courtoisement.

— Dès l’instant que vous vous y intéressez, murmura-t-il, elle est blanche comme la neige aux yeux de mon cœur. Je vous ai