chef.
— Ah ! fit Thérèse, il est arrêté le marchef ?
— Vous sauriez ça depuis un bout de temps, Madame Soulas, prononça gravement l’inspecteur, si vous aviez été présente à votre domicile, quand les habitués de votre ordinaire sont venus vous demander, — sans vous commander, car ce n’était pas dû, — un morceau à manger après la besogne faite. C’est drôle qu’une femme de mœurs comme vous découche, Madame Soulas.
— Chacun a ses devoirs à remplir, Monsieur Badoît, repartit Thérèse doucement. Feu Soulas était un brave homme et disait : Foin de ceux qui jugent leurs amis !
M. Badoît lui tendit la main et dit avec émotion :
— Celle-là irait au feu comme quoi vous n’êtes pas coupable, Madame Soulas.
— Coupable ! répéta Thérèse en riant, comme vous y allez ! mais ça gênerait-il le service de vous demander ce que vous faites ici ?
— Avec vous jamais d’affront, belle dame ! répondit l’agent. Vous êtes de la partie par la bonne soupe que vous lui communiquez et votre discrétion à l’épreuve de l’eau et du feu. Souricière ! Par quoi nous en avons installé une ici de l’autorité privée du commis principal, les chefs et sous-chefs étant absents, vu l’heure indue où elle a commencé… cinq heures du matin !
— Et pourquoi la souricière ?
— Pour contre-pincer les Habits-Noirs.
Tant de gens avisés et instruits ont fait l’éducation des lecteurs à l’endroit de la langue savante des bagnes que nous jugeons complètement inutile d’expliquer le mot