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faible.

— C’est le besoin, se dit-elle ; je n’ai rien pris depuis hier cinq heures, et j’aurais mieux fait de tremper une croûte de pain dans un verre de vin avant de venir ; mais c’est que j’avais tant de hâte !

Elle s’arrêta pour se demander :

— Ah çà ! qu’est-ce que je vais leur dire en commençant ?

D’ordinaire, la porte de la rue était toujours fermée.

Mme Soulas savait bien cela, parce qu’elle passait devant la maison le plus souvent qu’elle pouvait.

Il n’y avait point de concierge, et le rez-de-chaussée était habité par les domestiques du général.

Aujourd’hui, la porte de la rue était entrebâillée.

Sans autrement s’étonner, Thérèse la poussa et se trouva en face de M. Badoît, qui avait le bras en écharpe, une bande de taffetas noir sur la joue, et qui semblait être là en sentinelle.

Mme Soulas recula à sa vue.

— Tiens, tiens ! fit l’inspecteur d’un air un peu contraint, ce n’était pas vous que j’attendais là !

Une seconde de réflexion suffit à Thérèse pour se remettre.

Selon toute apparence, la police était sur pied à cause de l’évasion du général.

— Comme vous voilà arrangé, Monsieur Badoît ! dit-elle.

L’agent retint une parole qui était sur sa lèvre et répondit :

— Après ça, vous êtes libre de vos pas et démarches, Madame Soulas. On a travaillé cette nuit, rapport à l’arrestation du mar-