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mille francs et prit sa tête entre ses mains pour réfléchir, car une joie désordonnée lui faisait bondir le cœur.

Il se sentait devenir fou d’une autre manière ; un transport d’allégresse montait à son cerveau.

Elle vivait ! elle allait parler ! elle allait sourire !

Le résultat de ses réflexions ne se fit pas attendre.

Il sortit pour la seconde fois sur le palier et y prit à pleines brassées du bois et du charbon qu’il empila dans sa petite cheminée.

Il y avait de quoi mettre le feu dix fois.

Il introduisit la lumière sous un tas de copeaux qu’il avait amoncelés par devant, et bientôt une flamme brillante pétilla.

Alors, Paul arracha les draps de son lit et les approcha du foyer au risque de les flamber. Ses mains n’avaient plus de maladresse ; il travaillait bien ; il allait vite.

Ce fut avec un sentiment de respect pieux, mais aussi avec cette volupté dont frissonnent les doigts de la jeune mère, « changeant » l’enfant bien-aimé, qu’il dépouilla ce pauvre petit corps glacé de ses vêtements encore humides pour l’envelopper doucement dans le premier drap chaud.

Il sentait, cette fois, le bien qu’il allait produire, il éprouvait ce bien en lui-même ; son cœur était réchauffé en même temps que ces membres frêles et gracieux où la chaleur allait ramener la vie.

Suavita, en effet, au bout de quelques minutes, poussa un second soupir, bien faible encore, puis ses paupières battirent imperceptiblement.

Paul qui la contemplait en extase crut voir un peu de rose sous la peau diaphane de ses