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Que faire ?

Il se traîna jusqu’au lit, et mit sa main sur le cœur de l’enfant.

Quelque chose battait là, mais si faiblement !

C’en fut assez, il se leva. Il reprit Suavita dans ses bras, il la réchauffa comme sa mère aurait fait.

Il passait de la terreur à l’espoir, sans cause ; puis l’épouvante revenait en lui plus terrible.

— Froide ! toujours froide, dit-il avec une soudaine colère. Il me faut quelqu’un ! J’aurai quelqu’un !

Il la déposa sur le lit et s’élança au-dehors.

Ces gens du no 9, il ne les connaissait pas. Qu’importe ? Il frappa à tour de bras au no 9.

La maison était donc abandonnée ! Point de réponse non plus de ce côté.

Paul lança un coup de pied dans la porte qui s’ouvrit aussitôt, parce que M. Badoît, en sortant, ne l’avait pas fermée à clef.

Paul entra.

Dans cette chambre triste et vide, il ne vit rien de ce que les autres avaient vu, mais il aperçut du premier coup d’œil une bouteille posée à terre, près de l’endroit où le panneau replacé cachait le trou.

Il prit la bouteille qui était vide mais qui, renversée, laissa tomber dans le creux de sa main quelques gouttes d’eau-de-vie.

Ces gouttes, il les apporta précieusement dans sa chambre et en frotta le visage de Suavita, dont les lèvres blanches donnèrent passage à un léger souffle.

Alors, vous ne l’auriez pas reconnu, ce vaincu de naguère. Il se redressa comme un pauvre qui aurait gagné le gros lot de cent