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potement de l’eau qui murmurait en frôlant la rive.

Il éprouva un moment d’indicible angoisse à l’idée de son ignorance et de son impuissance. Il ne savait que faire. Deux grosses larmes jaillirent de ses yeux.

Puis, tout à coup, il poussa un cri de joie, souleva l’enfant dans ses bras, et se mit à courir de toute sa force en la tenant toujours serrée contre sa poitrine.

— Maman Soulas ! disait-il, je n’avais pas pensé à maman Soulas !

Celle-là était un brave et digne cœur. Elle saurait bien trouver ce qu’il fallait pour secourir la jeune fille.

En une minute, il eut traversé toute l’île et gagné l’escalier qui monte au terre-plein de Henri IV.

La clôture l’arrêta un instant : il avait si grand’peur de blesser sa fillette !

Car elle était à lui, et Dieu sait qu’il vous eût malmené si vous lui aviez parlé de mourir maintenant.

La mort est bonne pour ceux qui n’ont affaire à personne ;

Pour ceux qui n’ont rien à défendre ni à aimer.

Il avait cette enfant, lui, Paul, qui s’était résigné à ce que vous savez pour soulager la détresse de sa mère ! Paul, qui était tout dévouement et tout amour. Il avait cette enfant ; elle lui venait de Dieu.

Aussitôt qu’il eut franchi la clôture, il reprit sa course à travers le pont, puis le long du quai des Orfèvres.

Il ne touchait pas terre.

L’escalier tournant de la rue de Jérusalem fut franchi quatre à quatre et il arriva, haletant, à la porte de Mme Soulas.

C’était là qu’était le salut.