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le parapet sur lequel il s’assit. Il regarda l’eau, brillantée par les rayons de la lune. Il resta là un quart d’heure.

C’était à peu près le moment où Pistolet grimpait sur le mur du jardin de la préfecture pour guetter le marchef.

Paul Labre quitta le parapet et traversa le terre-plein. Il enjamba la clôture fermée qui défendait, de nuit, l’entrée de l’escalier conduisant aux bains Henri IV.

Il descendit.

Pendant une demi-heure, il se promena lentement sous les arbres de l’île.

Puis, à un moment où la lune se voilait, il se dit :

— C’est assez. Finissons.

Et il se mit à l’eau froidement, comme un baigneur. Il pensait toujours. Le nom d’Ysole lui vint aux lèvres.

Sur la pente douce, il ne perdait pas pied.

Au moment où l’eau lui arrivait aux aisselles, il crut ouïr une rumeur confuse sur le Pont-Neuf et tourna la tête machinalement.

Il ne vit rien ; il était tout à fait à la pointe de l’atterrissement.

Mais il entendit un bruit flasque et doux, comme si un objet enveloppé d’ouate fût tombé à l’eau de la hauteur du parapet.

Il fit deux pas de plus et l’eau toucha sa bouche.

— Adieu ! dit-il.

À qui allait cet adieu ?

Ses lèvres avaient un sourire.

Il perdit plante et ne nagea pas.