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Puis on loua un « logement ». On fut Mme Labre tout court.

Puis enfin, on monta à cette mansarde d’une maison mal famée de la rue de Jérusalem, et il y avait des gens qui disaient « la mère Labre ».

Dieu merci ! elle était morte, et Paul allait mourir.

C’était une belle nuit, un peu nuageuse. La lune, souvent cachée, se montrait tout à coup par intervalles et voguait, paisible, dans des lacs d’azur.

La ville vivait et bruissait encore tout à l’entour ; mais le long des quais il y avait déjà un grand silence.

Le croiriez-vous ? Paul Labre revint par trois fois à cette maison qui touchait par ses derrières à la rue Harlay-du-Palais, la maison à deux étages du quai des Orfèvres, où il avait vu cette silhouette de jeune fille : Ysole.

Quelque chose l’attirait là. Il se laissait aller.

Il n’avait ni peur, ni hâte de mourir.

Il était sûr de lui-même ; il savait qu’il ne faiblirait point au dernier moment.

Il aimait, et il y avait autre chose que cela : c’était son amour pour Ysole qui lui avait dit : « Tu ne peux plus vivre. »

La troisième fois qu’il s’approcha de cette maison où était sa suprême pensée, il vit des ombres le long du quai et dans la rue du Harlay.

Il s’éloigna et ne revint plus.

La vue de ces hommes qui étaient évidemment là en embuscade n’avait, du reste, rien éveillé en lui.

Rien ne lui importait plus.

Il fuyait les hommes.

Il déboucha sur le Pont-Neuf et alla vers