Page:Féval - La Rue de Jérusalem, 1868.djvu/202

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Avec un peu de bonne volonté, il nous serait facile de croire que M. Lecoq était ce loup.

Paul Labre nous l’a dit dans sa dernière confession. Pour lui, son mystérieux patron, M. Charles, et M. Lecoq étaient le même homme. Or, M. Charles, de son vrai nom, s’appelait V…

Quoi qu’il en soit, les faits prouvent que M. Lecoq avait cru découvrir en Paul Labre une nature énergique et audacieuse, puisqu’il avait fait effort pour l’engrener dans sa mécanique en qualité de rouage.

Autant que possible, dans toutes les classes de la société, il glissait ainsi un organe appartenant à sa machine. Si Paul Labre avait voulu, il serait devenu un personnage important à la préfecture.

Mais Paul Labre n’avait pas voulu.

Quoiqu’on lui eût appris peu de choses dans son enfance, et que, dès sa petite jeunesse, il se fût éloigné volontairement du monde pour n’entendre point parler de sa mère, il avait trouvé une sauvegarde dans sa fière nature.

On l’avait tué pour le dehors ; on n’avait pas pu le déshonorer dans son propre cœur.

Nous avons rapporté ici toutes ces choses parce que Paul Labre les pensait, ce soir, en suivant la ligne des quais tristement, après avoir dit adieu à Thérèse Soulas. Il ne songeait certes plus à l’homme qu’il avait croisé dans l’ombre à la descente de l’escalier tournant.

Cet homme lui avait dit :

— Par hasard, ne seriez-vous par M. Paul Labre ?

Et Paul avait répondu : Non.

Ajoutant en lui-même :

— À quoi bon ? Je n’ai plus affaire à per-